Le contexte institutionnel
Depuis 2007, SupAgro Florac organise et accueille des colloques à l’interface de la pédagogie et de l’environnement. L’institut regroupe sur une semaine chercheurs , gestionnaires d'espaces, formateurs et enseignants, décisionnaires de politiques publiques et autres acteurs qui apprécient cet espace d'échange (voir les divers colloques déjà organisés). SupAgro Florac s’affirme dans sa position d'interface entre chercheurs, enseignants et professionnels.
Au cours de ces journées, l’alternance est favorisée entre des temps d’exposés/débats en salle et des sorties sur le territoire du Parc national des Cévennes (Réserve de Biosphère de l'UNESCO, site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO), afin de poser nos réflexions et discussions sur des cas concrets.
Le contexte du colloque
Le Ministre de l'Agriculture, de l'Agro-alimentaire et de la Forêt a présenté le projet agro-écologique pour la France comme une priorité nationale afin de faciliter la transition écologique des exploitations agricoles.
Le récent rapport de Marion Guillou (2013) met en avant la nécessaire conciliation d'un double impératif qu'elle formule en ces termes : “comment développer et accompagner des systèmes de production agricole à la fois productifs, compétitifs, économes en ressources (eau, énergie, matières fertilisantes, etc.) et respectueux de l'environnement ?” (p.11). Cette recherche d'une “double performance”, longtemps sous-jacente à l'idée de “produire mieux”, est au fondement de l'objectif annoncé de “produire autrement”. “Autrement” doit aujourd'hui être compris comme la valorisation d'une diversité de manières de produire qui résulte tant de l'adaptation des pratiques et des systèmes aux milieux pédoclimatiques et agro-écologiques, qu'à l'organisation économique et sociale.
Cette approche ouvre la voie à une conception renouvelée de l'articulation entre recherche/développement/formation, en particulier par la place que peuvent y trouver ce que nous appelons les “savoirs agro-écologiques”.
Si produire autrement est aujourd'hui un objectif de politique publique, c'est depuis déjà plusieurs décennies l'objectif d'agriculteurs, de chercheurs, de porte-parole des générations futures, qui ont, de manière plus ou moins coordonnée et/ou convergente, entrepris d'explorer d'autres voies. Tous sont susceptibles de se revendiquer de l'agro-écologie. Il existe donc déjà de nombreuses réponses, par essence locales, à la question formulée par Marion Guillou. L'un des enjeux actuels consiste précisément en leur prise en compte : comprendre sur quels savoirs agro-écologiques, construits dans une forte interaction avec leur milieu et une observation fine et continue d'agrosystèmes complexes, des agriculteurs, des pêcheurs, des forestiers ont réussi à concevoir des systèmes de production qui combinent performance économique et performance écologique. De ces savoirs découlent des pratiques et l'acquisition de compétences dont le repérage, la compréhension sont nécessaires à l'accompagnement de la transition agro-écologique.
L'enseignement agricole s'interroge sur “comment enseigner à produire autrement”, et les praticiens sur “comment accompagner/conseiller à produire autrement". Dans ces deux cas, cela signifie se poser les questions de :
- la nature des savoirs (académiques, empiriques… savoir-faire, connaissances, compétences...) à transmettre et des compétences à construire pour soi et pour ceux que l'on accompagne ;
- l'élaboration des situations d'enseignement / apprentissage propres à l'acquisition de ces savoirs et compétences.
C'est ce à quoi le rapport Guillou nous invite en pointant qu'il “est nécessaire de poursuivre l'effort de production de nouvelles connaissances sur les systèmes doublement performants. Il est tout autant nécessaire d'accompagner les agriculteurs, leur amont et leur aval, pour permettre l'adoption des pratiques innovantes déjà identifiées à l'échelle des exploitations, des filières et des territoires […] Disposer d'un système partagé d'informations qualifiées, développer la formation initiale et continue des agriculteurs, former les « conseillers agricoles », contrer l'aversion aux risques, mettre en place des incitations pour lever les blocages sont autant de leviers pour favoriser la transition agro-écologique de l'agriculture française.” (Source Guillou, 2013).